Une famille Marnaise dans la tourmente de la Grande Guerre.

        Le conflit qui prend place entre 1914 et 1918 sur le territoire Français est sans précédent tant il a mobilisé l’ensemble des forces de la nation : il est ainsi qualifié de guerre totale. En effet, celui-ci a fait appel non seulement aux forces armées de la nation Française mais également à ses forces économiques, psychiques et matérielles. La résistance des soldats a été lourdement mise à l’épreuve lors de ces quatre années de guerre, autant que celle des populations restées à l’arrière qui ont subi de longues attentes, divers attaques, des occupations, des exactions et des migrations contraintes intérieures. Ainsi, c’est l’ensemble de la population française qui ressort traumatisée par cette guerre. L’ampleur est telle que la plupart des historiens de la France contemporaine font débuter le XXème siècle en 1914, témoignant de la coupure majeure incarnée par la Première Guerre Mondiale.

Quelques éléments de contexte sur la Première Guerre Mondiale

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Illustration d’un combat dans les tranchées, http://www.proprofs.com

        Le confit de 1914 est le point de départ d’une ère des catastrophes qui touche l’ensemble du continent Européen. Dès 1915, on parle de « Grande Guerre » avant de laisser progressivement place à l’expression « La Première Guerre Mondiale » qui s’impose à mesure que le conflit s’internationalise. L’échec des deux stratégies d’attaque des pays belligérants, le plan Schlieffen pour l’Allemagne et le plan Joffre pour la France, stabilise dès novembre 1914 le front et enterre ainsi les deux camps. Pendant deux longues années, de 1915 à 1916, le conflit s’enlise dans une guerre des tranchées interminables tant pour les soldats que pour les populations Françaises à l’arrière. Il s’agit d’une bataille d’usure, qui fatigue émotionnellement, physiquement et matériellement la France comme l’Allemagne. En 1917, la lassitude de la guerre est clairement manifeste pour tout le monde mais c’est au cours de cette année que le conflit commence à évoluer vers une possible victoire du camps Français. Enfin, l’année 1918 signe la victoire de la France et la promesse d’un retour au calme pour quelques années. Cette victoire s’est faite au prix de bon nombre de défaites, de pertes humaines et matérielles ainsi que d’un coût économique et moral sans précédent.

Situation de la Marne dans le conflit.

     Collection Patrie n°22, « Reims sous les obus« , édition 1917.            

En ce qui concerne le département de la Marne, celui-ci est coupé en deux par le front qui se stabilise dès 1914 et passe au nord du département. D’un côté, les combats sont sanglants et induisent le déplacement de milliers de civils. De l’autre, les populations qui n’ont pas été bougées à temps sont contraintes de vivre sous l’occupation ennemie.

Etude de cas : la famille Leclère.

 

             En partant d’une correspondance de guerre trouvée dans la série 10R des archives départementales de la Marne (non disponible en ligne), nous avons choisi le cas des Leclère, une famille ouvrière modeste issue de la Marne, ayant dû faire face, comme bon nombre d’autres familles Françaises, à la Première guerre mondiale. Les parents , Albert et Marie Leclère, génération née à la fin des années 1880 est prise de plein fouet dans la violence de cette guerre qui ne heurte pas seulement les soldats partis au combat. Leurs huit enfants (page 16), subissent d’autant plus ce choc sans précédent puisque celui-ci vient prendre leur jeunesse et leur innocence, les force à grandir un peu plus vite et les contraint à renoncer temporairement à certaines prévisions heureuses de leur avenir à l’image de l’union retardée de Marie Marguerite Leclère et d’Alfred Désiré Théron. En effet, ce dernier est mobilisé pour le front en août 1916 . Enfin le premier petit enfant de la famille est également impacté par le conflit puisque Marie Juliette Théron-Leclère voit le jour en plein pendant ces quatre années noires dans la commune de Pussay (Essonne) : elle est une enfant de la guerre comme l’expression les appelle. Entraînés dans ce conflit qui semble ne jamais se terminer, ils connaissent finalement en 1918 le retour au calme avec l’espoir de retrouver leur vie d’avant.

Ainsi, nous nous sommes demandés, de quelle manière une famille Marnaise subit et s’adapte à un conflit d’une telle ampleur ?

Nos recherche s’articulent en trois grands axes directeurs. Nous sommes d’abord intéressé à la situation de la famille Leclère avant le déclenchement de la Première guerre mondiale en mettant en avant une présentation générale de la cellule familiale ainsi que l’analyse de leur origine sociale et géographique. Puis, nous avons analysé et effectué des recherches sur leur situation pendant ces quatre années en faisant le tableau d’une famille bouleversée par l’envoi de leur gendre au front, mais également marquée par des séparations qui compliquent leur quotidien. Enfin, nous avons tâché de comprendre comment cette famille Marnaise se reconstruit à l’issue du conflit.

Démarche et outils de recherche.

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Archives Nationales, Paris, 2004, photographe : Patrick Tourneboeuf.

Dans le cadre de notre étude, nous sommes partis d’une correspondance de guerre conservée dans la série 10R des archives départementales de la Marne. Trois types de correspondances sont à privilégier pour retracer l’histoire d’une famille dans la tourmente de la Grande Guerre :

  • Les correspondances avec les militaires
  • Les correspondances des prisonniers de guerre
  • Les correspondances des réfugiés civils avec les autorités pour obtenir des aides : c’est notre cas.

Les archives départementales sont essentielles pour les premiers temps de la recherche. Avec l’expansion d’internet et des sources numérisées, il est assez facile de trouver rapidement les Etats civils et les recensements (jusqu’à 1911 en ligne) de vos protagonistes.

Au delà des archives départementales, la démocratisation d’internet a ouvert les portes aux chercheurs à bon nombre d’informations qu’ils peuvent collecter en quasi-instantanéité. Ainsi, et en particulier pour les fonds relatifs à 1914-1918, de nombreuses institutions sont en accès libre sur internet. C’est notamment le cas de la Bibliothèque Nationale de France et de son interface sur le web plus connue sous le nom de Gallica. C’est notamment sur ce portail qu’il est possible de retrouver l’ensemble des histoires des régiments d’infanterie entre 1914 et 1918. Une source considérable d’archives qui ne s’arrête pas aux régiments puisque Gallica héberge également toute une production officielle

A l’occasion du centenaire de la Première Guerre Mondiale, dont les célébrations ont commencé en 2014, de nombreux sites ont vu le jour à l’initiative des particuliers comme des archivistes. On peut citer le site Mémoire des Hommes, très riche en production, qui permet notamment de retrouver les fiches matricules des soldats.

 

Nos recherches se sont donc articulées en priorité autour de ces sources primaires. Néanmoins, il convient de ne pas laisser de côté les sources secondaires que sont les ouvrages et articles universitaires, sources de savoir qui sont dans leur grande majorité numérisées sur des portails comme Cairn ou Persée.

 


 

Pour plus d’informations sur la démarche à adopter :

Archives de la Grande Guerre. Des sources pour l’histoire, Philippe NIVET, Coraline COUTANT-DAYDE et Mathieu STOLL, Presses Universitaires de Rennes, 2014.

2 commentaires sur “Une famille Marnaise dans la tourmente de la Grande Guerre.

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